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Une étude sérieuse sur les toitures végétalisées en ville démontre qu’elles ont un réel intérêt écologique. Cette étude, disponible ici, réalisée par Yann Dusza de l’IEES de Paris et Frédéric Madre de l’MNHN, vient confirmer la nécessité des toitures végétalisées dans la construction. L’artificialisation des sols n’a cessé de progresser ces dernières décennies, sur un rythme compris entre 16 000 et 60 000 hectares de terres par an sur la période récente. Au-delà de l’extension urbaine, la minéralité des villes est également problématique pour le vivant, nous allons voir pourquoi…

Les toitures végétalisées existent depuis des milliers d’années, mais connaissent un regain d’intérêt avec l’essor des politiques de nature en ville. Certains y voient du greenwashing, d’autres une solution pour rendre les bâtiments plus hospitaliers au vivant. Pour mieux comprendre, ils ont analysé pendant 3 ans 36 toitures du Grand Paris afin de recenser la flore, la faune, la qualité des substrats et analyser d’autres paramètres comme le rafraîchissement et la rétention en eau, en comparant avec les espaces au sol.

Environ 400 espèces de plantes ont été observées sur les 36 toitures. Les orpins (Sedum sp.), fréquemment utilisés dans la végétalisation des toits, sont les plus fréquents. Des espèces rares ont également été observées, comme l’Ornithope comprimé (Ornithopus compressus). Fait marquant, près de 70 % des plantes relevées dans le cadre du protocole Vigie-Flore se sont installées spontanément, transportées par le vent ou la faune. Inutile de vouloir figer leur composition dans le temps ! 

Certains paramètres de conception font varier la diversité en plantes, comme la qualité du substrat et sa profondeur. La richesse floristique semble augmenter en fonction de l’épaisseur du substrat, avec un plateau à environ 25 / 30cm d’épaisseur. Cette diversité est très variable : les toitures extensives, avec un substrat essentiellement minéral et de faible épaisseur, sont moins riches que les toitures semi-intensives et intensives qui bénéficient d’un substrat plus profond.

Bien que moins diverses en espèces, les toitures extensives présentent une composition qui ne ressemble à rien d’autre en ville: des assemblages originaux d’espèces de pelouses sèches sableuses et de plantes d’origine méditerranéenne. Un des premier enseignement est de diversifier les modes de conception et les types de toitures végétalisées au sein des villes. Comme pour tous les espaces végétalisés, l’uniformité n’a rien de bon !

Du côté de la faune, on dénombre 611 espèces d’invertébrés, majoritairement des coléoptères, des hyménoptères (abeilles, guêpes, fourmis) et des hémiptères (punaises, cicadelles). Les toitures abritent une diversité moindre en pollinisateurs que les espaces verts au sol. On peut distinguer des espèces « toiturophiles », comme la thomise rayée (Runcinia grammica), des généralistes comme le gendarme (Pyrrhocoris apterus) et enfin des « toiturophobes » comme la pisaure admirable (Pisaura mirabilis), par rapport aux espaces au sol.

En ce qui concerne la rétention en eau, elle est fonction de nombreux paramètres, dont le type et la profondeur de substrat. Un seuil de 30 cm semble ressortir pour retenir des précipitations importantes. Pour le potentiel de rafraichissement, seule quelques toitures assurent suffisamment d’évapotranspiration pour rafraîchir la surface du toit, mais pas nécessairement au-delà. Le Cerema d’Île-de-France réalise actuellement des recherches pour approfondir cette question.

Certains aménagements peuvent être installés sur la toiture afin de créer des habitats supplémentaires, comme les enrochements, le bois mort déposé au sol ou éventuellement une mare, comme sur l’Arche des petites bêtes à Thoiry, conçue par Philippe Peiger. Il est possible de faire varier les profondeurs de substrat et de diversifier les strates végétales pour créer davantage de conditions pour les espèces, comme sur le toit du centre technique Georges Valbon à la Courneuve.

De nouveaux modes de conception, inspirés du génie écologique, pourraient être imaginés : création de pelouses sèches, de milieux sablonneux, implantation de graines sauvages prélevées à proximité, ou une végétation spontanée. Les modes de conception des toitures végétalisées s’appuient encore trop souvent sur de nombreux composants artificiels (bacs plastiques, géotextiles non biodégradables, filets plastique, systèmes d’arrosage), dont l’utilité est discutable. Même constat pour les végétaux qui n’échappent pas à des logiques de standardisation pour les besoins de leur commercialisation (végétaux conditionnés en caissettes ou tapis pré-cultivés).

L’effet de mode entourant la végétalisation ne doit pas servir de caution verte aux projets d’aménagement contribuant à l’artificialisation des sols. Elles ne sont acceptables qu’en complément d’une politique de sobriété foncière et de protection de la pleine terre. En conclusion, les toitures végétalisées sont des milieux originaux qui peuvent servir d’habitats de substitution ou de refuges complémentaires aux autres espaces verts urbains, elles ne les remplacent en aucun cas… c’est du pur bonus !

Urban paysage s’engage depuis de longues années à porter la végétalisation des toits en milieu urbain. Pour nos travaux de végétalisation, nous optons le plus possible pour des matériaux naturels cités, avec beaucoup de raison, dans cette étude. Notre savoir-faire s’adresse aussi bien aux professionnels qu’aux particuliers. Si vous avez des projets de toitures végétalisées, n’hésitez pas à nous contacter.

Un grand merci à Marc Barra, écologue à l’ARB de la région parisienne.

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